Rapports de mai 2021 de la vérificatrice générale du Canada

Déclaration d’ouverture au Comité permanent des comptes publics

Rapports de mai 2021 de la vérificatrice générale du Canada

Le 1er juin 2021

Karen Hogan, Comptable professionnelle agrééeCPA, Comptable agrééeCA
Vérificatrice générale du Canada

Madame la présidente, j’ai le plaisir de vous présenter nos rapports d’audit, qui ont été déposés à la Chambre des communes le 26 mai dernier. Je suis accompagnée de Jean Goulet et Glenn Wheeler, les directeurs principaux qui étaient responsables des audits.

Le premier de nos rapports se penche sur l’achat par le gouvernement d’équipement de protection et de dispositifs médicaux pendant la pandémie. Le second rapport examine comment Services aux Autochtones Canada a fourni de l’équipement de protection et des travailleurs et travailleuses de la santé aux collectivités et aux organisations autochtones qui devaient gérer la COVID‑19.

Ces deux audits ont révélé que des problèmes de planification et de gestion des réserves d’urgence existaient avant la pandémie. Par exemple, notre audit de l’achat d’équipement de protection individuelle et d’instruments médicaux a montré que l’Agence de la santé publique du Canada n’avait pas réglé avant la pandémie des problèmes persistants et connus dans ses systèmes et pratiques pour gérer et opérer la réserve nationale stratégique d’urgence.

L’Agence était au courant de ces problèmes puisqu’ils avaient été soulevés dans des audits et examens depuis plus d’une décennie. L’Agence de la santé publique du Canada n’était donc pas aussi préparée qu’elle aurait dû l’être pour faire face à l’augmentation subite du nombre de demandes d’équipement provenant des provinces et des territoires sous l’effet de la pandémie de COVID‑19.

Dans notre audit de Services aux Autochtones Canada, nous avons constaté que le Ministère n’avait pas suivi sa propre approche pour stocker sa réserve d’équipement d’urgence, de sorte qu’il lui manquait certains articles lorsque la pandémie a éclaté.

Cependant, en même temps, ces deux audits ont révélé de l’agilité et de la réactivité. Dans l’ensemble, l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, et Services publics et Approvisionnement Canada ont aidé à répondre aux besoins d’équipement de protection individuelle et d’instruments médicaux des gouvernements provinciaux et territoriaux. Services aux Autochtones Canada a fait de même pour les collectivités et organisations autochtones. Face à une crise, ces organisations ont composé avec les problèmes existants qui touchaient la gestion et le contrôle de leurs réserves d’équipement d’urgence et elles ont adapté leurs façons de faire.

Par exemple, pendant la pandémie, l’Agence de la santé publique du Canada a amélioré sa façon d’évaluer les besoins et d’attribuer l’équipement pour aider à répondre aux demandes des provinces et des territoires. Elle a également externalisé une grande partie de l’entreposage et du soutien logistique nécessaires pour faire face au volume exceptionnel d’équipement acheté.

De même, Santé Canada a réagi à la demande accrue due à la pandémie en modifiant sa gestion des demandes de licence de fournisseurs d’équipement de protection individuelle et d’instruments médicaux. Services publics et Approvisionnement Canada a aussi fait des ajustements et assumé certains risques pour faciliter l’achat rapide de grandes quantités d’équipement dans un marché hautement concurrentiel où l’offre ne suivait pas toujours la demande. Si les ministères n’avaient pas ainsi adapté leurs approches aux circonstances, le gouvernement n’aurait probablement pas pu obtenir le volume d’équipement nécessaire.

Services aux Autochtones Canada aussi s’est rapidement adapté pour répondre à la pandémie. Le Ministère s’est tourné vers la réserve nationale stratégique d’urgence pour obtenir les articles qui manquaient dans sa propre réserve, comme des gants et du désinfectant pour les mains. Services aux Autochtones Canada a pu desservir les collectivités et organisations autochtones avec de l’équipement de protection individuelle lorsque les provinces et les territoires n’étaient pas en mesure de le faire. Le Ministère a aussi élargi l’accès à sa réserve au-delà des personnes qui soutiennent directement la prestation des services de santé afin d’inclure les agents de police et les personnes atteintes de la COVID‑19 qui résidaient dans une collectivité ou celles qui s’occupaient d’un proche malade.

Face à l’augmentation de la demande de soins de santé due à la COVID‑19, Services aux Autochtones Canada a rationalisé ses processus d’embauche de personnel infirmier destiné aux collectivités éloignées ou isolées des Premières Nations. Le Ministère a aussi mis à la disposition de toutes les collectivités autochtones du personnel infirmier et paramédical engagé à contrat. Tandis que le Ministère prenaient ces mesures pour augmenter sa capacité, le nombre de demandes de personnel infirmier et paramédical continuait d’augmenter. Services aux Autochtones Canada n’a donc pas été en mesure de répondre à plus de la moitié des 963 demandes d’effectifs supplémentaires qu’il a reçues entre mars 2020 et mars 2021.

Nos audits de la réponse du gouvernement à la pandémie continuent de montrer que lorsque les gens qui forment la fonction publique fédérale sont confrontés à une crise, ils savent se mobiliser et mettre leur effort à répondre aux besoins de la population canadienne.

Cependant, ces audits montrent aussi que les problèmes qui sont oubliés ou qu’on néglige de régler ont une façon de ressurgir, et qu’ils le font généralement au pire moment. Le Canada n’était pas aussi bien préparé à faire face à la pandémie qu’il aurait pu l’être si la réserve d’équipement d’urgence avait été mieux gérée et si une solution à long terme avait été en place pour les travailleurs de la santé, comme les infirmiers et infirmières, dans les collectivités autochtones. S’il y a une leçon générale à tirer de cette pandémie, c’est que les ministères doivent agir pour résoudre les problèmes de longue date et voir l’intérêt d’être mieux préparé pour les coups durs.

Madame la présidente, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous sommes maintenant heureux de répondre aux questions. Merci.