Automne 2018 — Rapports de la commissaire à l’environnement et au développement durable au Parlement du Canada Rapport de l’auditeur indépendantRapport 3 — Progrès réalisés par les ministères et organismes dans la mise en œuvre des stratégies de développement durable

Automne 2018 — Rapports de la commissaire à l’environnement et au développement durable au Parlement du Canada Rapport 3 — Progrès réalisés par les ministères et organismes dans la mise en œuvre des stratégies de développement durable

Illustration contenant une citation du rapport

Rapport de l’auditeur indépendant

Introduction

Information générale

3.1 Le gouvernement du Canada s’est engagé à favoriser le développement durable. En vertu de la Loi fédérale sur le développement durable, le gouvernement fédéral doit élaborer une stratégie visant à accroître la transparence des processus décisionnels en matière d’environnement et la reddition de comptes à ce sujet devant le Parlement. Aux termes de la Loi, le gouvernement est également tenu de mettre à jour la stratégie tous les trois ans et de présenter un rapport sur sa mise en œuvre. La Stratégie fédérale de développement durable donne une perspective pour l’ensemble du gouvernement au chapitre des priorités, des objectifs, des cibles et des stratégies de mise en œuvre en matière d’environnement et de développement durable. La plus récente stratégie fédérale, qui couvre la période allant de 2016 à 2019, a été déposée au Parlement en octobre 2016.

3.2 La Loi fédérale sur le développement durable exige aussi de 26 organisations fédérales qu’elles élaborent leur propre stratégie de développement durable. Chaque stratégie renferme les plans de l’organisation pour atteindre ses objectifs en matière d’environnement et de développement durable et doit contribuer à l’atteinte des objectifs globaux énoncés dans la Stratégie fédérale de développement durable.

3.3 En 1990, le Cabinet a publié la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. Cette directive oblige les organisations fédérales à tenir compte des facteurs environnementaux dans le cadre de la planification et des processus décisionnels liés à leurs projets de politiques, de plans et de programmes.

3.4 Dans la Stratégie fédérale de développement durable de 2010-2013, les ministres et le Cabinet se sont engagés à renforcer l’application des évaluations environnementales stratégiques en tenant compte des objectifs environnementaux du gouvernement lors de la poursuite d’objectifs sociaux et économiques. Cet engagement a été réaffirmé dans la Stratégie fédérale de développement durable de 2016-2019. Selon la Directive du Cabinet, chaque ministre doit s’assurer que les politiques, plans et programmes du ministère ou de l’organisme cadrent avec les objectifs généraux du gouvernement en matière d’environnement et de développement durable. Plus particulièrement, la Directive exige des organisations fédérales ce qui suit :

3.5 Aux termes de l’article 23 de la Loi sur le vérificateur général, le commissaire à l’environnement et au développement durable doit surveiller la mesure dans laquelle les organisations fédérales ont atteint les objectifs définis dans leur stratégie de développement durable, et présenter un rapport annuel à ce sujet. Son évaluation doit notamment porter sur les efforts déployés par les organisations pour contribuer à l’atteinte des objectifs et des cibles de la Stratégie fédérale de développement durable.

3.6 En 2013, nous avons élaboré une stratégie d’audit pluriannuelle en vue d’auditer chacune des 26 organisations fédérales qui sont tenues de contribuer à la stratégie fédérale. Le présent audit, qui entre dans le cadre de cette stratégie pluriannuelle, portait sur :

3.7 Le présent document constitue le sixième rapport annuel du commissaire sur les pratiques d’évaluation environnementale stratégique et le rapport de synthèse prévu dans la stratégie d’audit de 2013 du commissaire. Les audits réalisés en 2013 et en 2014 étaient principalement axés sur les moyens et méthodes en vigueur, tandis que ceux réalisés en 2015, en 2016 et en 2017 visaient à déterminer si les organisations sélectionnées avaient appliqué la Directive du Cabinet. Les trois derniers audits nous ont permis de conclure que la plupart des organisations examinées n’avaient pas appliqué adéquatement la Directive à leurs projets. Les rapports antérieurs peuvent être consultés sur notre site Web.

Objet de l’audit

3.8 L’audit visait à déterminer si les organisations que nous avons examinées avaient appliqué adéquatement la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, et si elles avaient respecté leur engagement de renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique.

3.9 Cet audit est important parce que les ministres doivent tenir compte des effets environnementaux possibles, tant positifs que négatifs, pour prendre des décisions éclairées sur les politiques, plans et programmes qui ont un impact sur la population canadienne.

3.10 Au cours de cet audit, nous avons examiné les 26 organisations qui sont tenues de contribuer à la Stratégie fédérale de développement durable :

3.11 Nous avons examiné les projets soumis par ces 26 organisations en vue de déterminer si elles avaient appliqué la Directive du Cabinet pour réaliser une évaluation environnementale stratégique. Nous n’avons cependant pas vérifié la qualité de l’analyse intégrée à chaque évaluation.

3.12 La section intitulée À propos de l’audit, à la fin du présent rapport, donne des précisions sur l’objectif, l’étendue, la méthode et les critères de l’audit.

Constatations, recommandations et réponses

Message général

3.13 Depuis 1990, la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes exige des organisations fédérales qu’elles procèdent à des évaluations environnementales stratégiques pour informer le Cabinet des effets environnementaux importants, tant positifs que négatifs, de leurs projets de politiques, de plans et de programmes. Le gouvernement du Canada a appuyé l’application de la Directive, au moyen de la Stratégie fédérale de développement durable, en exigeant des 26 organisations fédérales participantes qu’elles renforcent leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique.

3.14 Entre 2013 et 2017, le Bureau du vérificateur général du Canada a audité les progrès réalisés par certaines organisations fédérales dans la mise en œuvre de la Directive du Cabinet. Ces travaux ont révélé que, de façon générale, la plupart des organisations n’avaient pas fait de progrès satisfaisants. Par conséquent, en 2018, le Bureau a décidé d’examiner l’ensemble des 26 organisations pour déterminer si elles avaient amélioré leurs pratiques depuis ses audits initiaux.

3.15 Dans l’ensemble, nous avons constaté que les organisations fédérales avaient appliqué la Directive à 93 % de leurs projets de politiques, de plans et de programmes soumis à l’approbation du Cabinet en 2017. Il s’agit d’une amélioration notable par rapport aux conclusions de nos audits initiaux.

3.16 Nous avons aussi constaté que ces organisations s’employaient à renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale. Par exemple, depuis nos audits initiaux, elles avaient toutes élaboré ou mis à jour des directives et outils internes pour appliquer la Directive du Cabinet.

3.17 Ces constatations sont importantes parce que, s’ils veulent prendre des décisions éclairées qui favorisent le développement durable, les ministres doivent recevoir de l’information complète concernant les effets que les projets qu’ils examinent peuvent avoir sur l’environnement.

Application de la Directive du Cabinet

3.18 La Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes exige des organisations qu’elles procèdent à une évaluation environnementale stratégique pour chaque projet de politique, de plan ou de programme qu’elles soumettent à l’approbation du Cabinet ou d’un ministre. La Directive prévoit un processus en plusieurs étapes pour analyser et documenter les mesures et les décisions prises (voir la pièce 3.1).

Pièce 3.1 — Le processus d’évaluation environnementale stratégique

Organigramme illustrant le processus d’évaluation environnementale stratégique que doivent suivre les ministères et organismes fédéraux
Pièce 3.1 — version textuelle

Cet organigramme montre le processus d’évaluation environnementale stratégique que les ministères et organismes fédéraux doivent suivre pour tenir compte des effets environnementaux des projets de politiques, de plans et de programmes qu’ils élaborent.

Lorsqu’elles lancent un projet, les entités fédérales doivent d’abord poser la question suivante : est-ce un projet de politique, de plan ou de programme?

Si la réponse est non, l’entité documente ses conclusions et poursuit le projet.

Si la réponse est oui (c’est-à-dire qu’il s’agit d’un projet de politique, de plan ou de programme), l’entité procède à une analyse préliminaire, en posant d’abord la question suivante : s’agit-il d’un cas spécial ne requérant pas une évaluation environnementale stratégique?

Les cas spéciaux comprennent :

  • les situations d’urgence;
  • les questions urgentes;
  • les projets dont les effets environnementaux ont déjà été évalués.

Si la réponse est oui, il s’agit d’un cas spécial qui ne nécessite pas d’évaluation environnementale stratégique. L’entité documente ses conclusions et poursuit le projet.

Si la réponse est non, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’un projet spécial, l’entité pose alors la question suivante : y a-t-il des effets environnementaux importants possibles, tant positifs que négatifs, y compris des résultats du projet qui sont susceptibles d’avoir une incidence sur l’atteinte des objectifs ou les cibles de la Stratégie fédérale de développement durable?

Si la réponse est non, l’entité documente ses conclusions et poursuit le projet.

Si la réponse est oui, c’est-à-dire qu’il y a des effets environnementaux importants possibles, tant positifs que négatifs, l’entité procède à une évaluation détaillée.

L’évaluation détaillée suppose d’effectuer une analyse détaillée (qui comprend les options, les mesures d’atténuation et un plan de suivi). Des consultations sont menées, s’il y a lieu.

L’étape suivante consiste à mettre le projet à jour.

Le ministre ou le Cabinet prend ensuite une décision à propos du projet.

La prochaine étape consiste à faire une déclaration publique montrant que les facteurs environnementaux ont été pris en considération dans la prise de décisions.

La dernière étape consiste à mettre en œuvre la politique, le plan ou le programme.

La Directive du Cabinet avait été appliquée pour la plupart des projets soumis au Cabinet en 2017

3.19 Nous avons constaté que 43 % des projets (213 sur 496) qui ont été soumis en 2017 répondaient aux critères d’exemption du processus d’évaluation environnementale stratégique. Par conséquent, 283 projets devaient faire l’objet d’une évaluation. Nous avons constaté que le processus d’évaluation avait été appliqué à 93 % de ces projets (263 sur 283). Cette constatation révèle une amélioration notable par rapport aux taux de conformité constatés lors de nos audits antérieurs, qui oscillaient entre 23 % et 44 %.

3.20 Notre analyse à l’appui de cette constatation rend compte de ce que nous avons examiné et porte sur :

3.21 Cette constatation est importante parce que les organisations fédérales doivent veiller à intégrer les facteurs environnementaux à leurs politiques, plans et programmes.

3.22 La Directive du Cabinet précise qu’il n’est pas nécessaire de procéder à une évaluation environnementale stratégique dans certains cas particuliers, notamment lorsque :

3.23 Dans nos rapports antérieurs, nous avons recommandé à maintes reprises aux organisations fédérales d’appliquer la Directive du Cabinet à tous leurs projets de politiques, de plans et de programmes soumis à l’approbation du Cabinet. En dépit des progrès qu’elles ont réalisés en ce sens, certaines organisations n’avaient toujours pas appliqué la Directive à tous leurs projets. Pour cette raison, nos recommandations antérieures restent d’actualité. Nous n’avons donc pas formulé de nouvelles recommandations relativement au secteur examiné.

3.24 Ce que nous avons examiné — Nous avons demandé à chacune des 26 organisations visées de nous remettre une liste de tous les projets de politiques, de plans et de programmes soumis à l’approbation du Cabinet entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2017. Au cours de cette période, les organisations avaient soumis 496 projets, que nous avons examinés en vue de déterminer si elles avaient suivi les étapes prévues dans la Directive du Cabinet.

3.25 Contrairement aux audits menés antérieurement sur les évaluations environnementales stratégiques, le présent audit portait uniquement sur les projets présentés au Cabinet, non sur les projets soumis à l’approbation d’un ministre en particulier.

3.26 Les projets exemptés — Nous avons relevé des cas particuliers où des projets présentés au Cabinet avaient été exemptés du processus d’évaluation environnementale stratégique. Ils avaient été exemptés parce qu’ils concernaient une situation d’urgence ou parce que leurs effets possibles sur l’environnement avaient déjà été évalués.

3.27 En plus de ces cas particuliers, nous avons relevé l’existence de projets assortis d’autres types d’exemptions qui n’étaient pas expressément décrits dans la Directive du Cabinet. Après avoir examiné les projets concernés, nous avons conclu que le processus d’évaluation environnementale stratégique n’était pas nécessaire. Par exemple, le ministère de la Justice Canada a soumis un projet d’initiative pour obtenir des fonds additionnels en vue de permettre le maintien d’une aide juridique aux immigrants et aux réfugiés. Le Ministère a déterminé que ce projet était exempté du processus d’évaluation environnementale stratégique parce qu’il s’agissait d’une question de routine administrative ou de procédure financière.

3.28 Nous avons constaté que 43 % des projets soumis en 2017 (213 sur 496) répondaient aux critères d’octroi d’une exemption du processus d’évaluation environnementale stratégique. Les 283 autres projets auraient donc dû être soumis au processus.

3.29 L’application de la Directive du Cabinet aux projets soumis au Cabinet — Nous avons constaté que 17 des 26 organisations auditées avaient appliqué la Directive du Cabinet à tous les projets qu’elles avaient soumis au Cabinet (voir la pièce 3.2). Sept autres organisations ont obtenu des taux de conformité élevés, même si elles n’ont pas été en mesure de prouver que tous leurs projets étaient conformes aux exigences de la Directive du Cabinet. Deux organisations n’ont présenté aucun projet au cours de la période visée par l’audit.

Pièce 3.2 — La Directive du Cabinet a été appliquée à 93 % des projets

Conformité à la
Directive du Cabinet
Nombre de projets (%) Organisations

Entièrement conformes

169 projets sur 169 (100 %)

  • Affaires mondiales Canada
  • Agence de la santé publique du Canada
  • Agence du revenu du Canada
  • Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Anciens Combattants Canada
  • Défense nationale
  • Développement économique Canada pour les régions du Québec
  • Environnement et Changement climatique Canada
  • Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
  • Innovation, Sciences et Développement économique Canada
  • ministère de la Justice Canada
  • ministère des Finances Canada
  • Parcs Canada
  • Pêches et Océans Canada
  • Ressources naturelles Canada
  • Santé Canada
  • Services publics et Approvisionnement Canada

Conformes dans une large mesure

94 projets sur 114 (82 %)

  • Agence des services frontaliers du Canada (3 projets conformes sur 4)
  • Emploi et Développement social Canada (18 projets conformes sur 24)
  • Patrimoine canadien (16 projets conformes sur 18)
  • Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (8 projets conformes sur 11)
  • Sécurité publique Canada (15 projets conformes sur 19)
  • Services aux Autochtones Canada, et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada (23 projets conformes sur 25)
  • Transports Canada (11 projets conformes sur 13)

Rien à évaluer

Sans objet

  • Agence de promotion économique du Canada atlantique
  • Diversification de l’économie de l’Ouest Canada

Conformité globale : 263 projets sur 283 (93 %)

Remarque : Les organisations ont transmis ces données en réponse à nos demandes d’information. Nous n’avons pas audité le nombre de projets soumis pour vérifier l’exhaustivité de ces données.

3.30 Nous avons aussi constaté que la Directive du Cabinet avait été appliquée à 263 projets sur les 283 soumis à l’approbation du Cabinet en 2017 (93 %). Il restait donc 20 projets pour lesquels la Directive du Cabinet n’avait pas été appliquée (voir la pièce 3.2). Cette constatation révèle une amélioration notable par rapport aux taux de conformité constatés lors de nos audits antérieurs, qui oscillaient entre 23 % et 44 %. L’annexe présente les constatations détaillées pour chacune des organisations fédérales auditées.

3.31 Patrimoine canadien, la Défense nationale et Sécurité publique Canada se sont considérablement améliorés. Lors de nos audits antérieurs, nous avions constaté que ces organisations n’avaient appliqué la Directive du Cabinet à presque aucun des projets que nous avions examinés. Dans le cadre du présent audit, nous avons constaté qu’elles s’étaient conformées à la Directive pour la totalité ou la quasi-totalité des projets que nous avons examinés.

3.32 Les projets de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique et de Diversification de l’économie de l’Ouest Canada soumis au Cabinet en 2017 ont bénéficié d’une exemption au processus ou ont été dirigés par un autre ministère. Nous n’avons donc pas pu évaluer les progrès réalisés par ces deux organisations dans l’application de la Directive du Cabinet.

3.33 Pour les 20 projets soumis par les organisations qui n’ont pas appliqué adéquatement la Directive du Cabinet, il y a un risque que leurs effets environnementaux, tant positifs que négatifs, n’aient pas été examinés adéquatement. Il y a aussi un risque que les décideurs aient été très peu renseignés sur les effets possibles pour l’environnement de ces projets de politiques, de plans et de programmes soumis à leur approbation.

Les analyses préliminaires satisfaisaient aux exigences de la Directive du Cabinet

3.34 Nous avons constaté que la plupart des analyses préliminaires que nous avons examinées satisfaisaient aux exigences de la Directive du Cabinet. Dans presque tous les cas, les organisations ont réalisé une analyse préliminaire pour déterminer si un projet pourrait avoir des effets sur l’environnement. Dans le cadre de cette analyse, elles ont examiné les effets environnementaux du projet et déterminé si sa mise en œuvre aurait une incidence sur l’atteinte des objectifs et des cibles de la Stratégie fédérale de développement durable. Nous avons aussi constaté que les organisations avaient déterminé s’il était nécessaire de procéder à une évaluation détaillée.

3.35 Notre analyse à l’appui de cette constatation rend compte de ce que nous avons examiné et porte sur :

3.36 Cette constatation est importante parce que les organisations fédérales doivent réaliser des analyses préliminaires pour détecter tout effet possible de la mise en œuvre de leurs projets sur l’environnement. Elles doivent aussi déterminer s’il est nécessaire de procéder à une évaluation détaillée de ces effets comme l’exige la Directive du Cabinet.

3.37 La Directive du Cabinet décrit un processus en plusieurs étapes pour réaliser des évaluations environnementales stratégiques. La première étape, qui consiste à réaliser une analyse préliminaire, vise à déterminer si un projet pourrait comporter des effets environnementaux importants, tant positifs que négatifs. Si des effets environnementaux importants sont détectés, il faut procéder à une évaluation détaillée. De plus, la décision d’effectuer une telle évaluation doit être documentée.

3.38 Nous n’avons pas présenté de recommandation relativement au secteur examiné.

3.39 Ce que nous avons examiné — Nous avons examiné toutes les analyses préliminaires réalisées par chacune des organisations auditées pour les projets soumis au Cabinet entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2017. Nous avons examiné si les analyses préliminaires avaient respecté les exigences de la Directive du Cabinet suivantes :

3.40 L’évaluation des effets environnementaux — Nous avons constaté que 244 analyses préliminaires, parmi celles que nous avons examinées, respectaient les exigences de la Directive du Cabinet. Environnement et Changement climatique Canada n’a pas réalisé d’analyses préliminaires, mais a estimé que les 19 projets signés par son ministre avaient tous des effets environnementaux importants. Le Ministère a décidé de procéder directement à des évaluations détaillées, qui sont présentées dans la section suivante. Nous avons donc estimé qu’il avait respecté le processus pour ces 19 projets, que nous avons inclus dans les 263 qui étaient conformes à la Directive du Cabinet.

3.41 Les analyses préliminaires que nous avons examinées contenaient une évaluation des effets environnementaux du projet effectuée par les organisations. Ces analyses prenaient aussi en compte les liens possibles avec les objectifs et les cibles de la Stratégie fédérale de développement durable. Par exemple, Pêches et Océans Canada a soumis un projet visant à protéger davantage les écosystèmes aquatiques et à renforcer la clarté et la transparence de la Loi sur les pêches en y intégrant des mesures de protection additionnelles. Dans son analyse préliminaire, le Ministère a pris en compte les éléments suivants :

Dans cette analyse, le Ministère a déterminé qu’il y avait des liens avec la Stratégie fédérale de développement durable et indiqué que la mise en œuvre du projet était susceptible d’avoir des effets positifs sur l’environnement.

3.42 La décision de procéder ou non à une évaluation détaillée — Nous avons constaté que pour chacune des analyses préliminaires que nous avons examinées, l’organisation avait documenté de manière appropriée sa décision de réaliser ou non une évaluation détaillée.

3.43 Nous avons constaté que dans 228 des 244 analyses préliminaires, les organisations avaient déterminé qu’une évaluation détaillée n’était pas requise. Dans ces analyses, les organisations ont conclu que les projets étaient peu susceptibles d’avoir des effets environnementaux importants. À notre avis, les analyses contenaient de l’information suffisante pour étayer la décision de ne pas procéder à une évaluation détaillée.

3.44 Nous avons constaté que 12 analyses préliminaires avaient conclu qu’une évaluation environnementale détaillée était nécessaire. Comme il est indiqué ci-dessus, Environnement et Changement climatique Canada a choisi d’effectuer une évaluation détaillée pour l’ensemble des 19 projets qu’il a soumis au Cabinet. C’est donc 31 évaluations détaillées que nous avons examinées dans le cadre de l’audit.

3.45 Nous avons constaté que quatre analyses préliminaires avaient indiqué qu’une évaluation détaillée n’était pas nécessaire à l’étape de l’approbation du projet, mais qu’il faudrait en réaliser une lorsque de l’information complémentaire sur certaines initiatives décrites dans le projet serait disponible. Dans chacun de ces cas, le document de projet lui-même a permis d’informer les décideurs de cette situation, le cas échéant.

Les évaluations environnementales stratégiques détaillées satisfaisaient aux exigences de la Directive du Cabinet

3.46 Nous avons examiné l’ensemble des 31 évaluations environnementales stratégiques détaillées réalisées et avons constaté que, dans la plupart des cas, ces évaluations satisfaisaient aux exigences de la Directive du Cabinet. Les ministères ci-après ont réalisé des évaluations détaillées :

3.47 Notre analyse à l’appui de cette constatation rend compte de ce que nous avons examiné et porte sur :

3.48 Cette constatation est importante parce que, s’il veut prendre des décisions qui favorisent le développement durable, le Cabinet doit recevoir de l’information complète concernant les effets que les projets qu’il examine peuvent avoir sur l’environnement.

3.49 La Directive du Cabinet exige la réalisation d’une évaluation environnementale stratégique détaillée lorsque l’analyse préliminaire détermine qu’un projet aura des effets environnementaux importants. L’évaluation détaillée devrait approfondir l’analyse préliminaire et décrire la portée et la nature des effets que la mise en œuvre du projet pourrait avoir sur l’environnement. Elle devrait aussi proposer des mesures d’atténuation.

3.50 Nous n’avons pas présenté de recommandation relativement au secteur examiné.

3.51 Ce que nous avons examiné — Nous avons vérifié si les organisations qui avaient réalisé des évaluations environnementales détaillées avaient respecté les exigences de la Directive du Cabinet de décrire la portée et la nature des effets environnementaux, ainsi que des mesures d’atténuation.

3.52 La portée des évaluations des effets environnementaux — Nous avons constaté que les 31 évaluations détaillées examinées satisfaisaient toutes aux exigences de la Directive du Cabinet de fournir une description détaillée des effets environnementaux que pourrait avoir la mise en œuvre du projet. Ces évaluations envisageaient aussi des mesures d’atténuation, le cas échéant. À notre avis, les évaluations ont fourni aux décideurs suffisamment d’information sur la portée et la nature des effets environnementaux possibles.

3.53 Par exemple, après avoir réalisé une analyse préliminaire, Ressources naturelles Canada a procédé à l’évaluation détaillée d’un projet interministériel visant à favoriser une croissance propre dans le secteur des ressources naturelles. L’évaluation a analysé, d’une part, les effets environnementaux prévus des projets liés aux technologies propres que le projet financerait et, d’autre part, l’apport du Ministère à l’atteinte des cibles d’atténuation des changements climatiques. L’évaluation a aussi décrit des activités de suivi continu pour mesurer les effets positifs du projet et atténuer tout effet négatif que sa mise en œuvre pourrait occasionner.

Renforcement des pratiques d’évaluation environnementale stratégique

Les organisations examinées ont toutes réalisé des progrès satisfaisants en vue de renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique

3.54 Nous avons constaté que les 26 organisations que nous avons examinées avaient réalisé des progrès satisfaisants en vue de renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique. Ainsi, elles avaient, pour la plupart, donné suite aux recommandations formulées dans nos rapports antérieurs, et élaboré ou mis à jour des directives et des outils internes pour appliquer la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes.

3.55 Notre analyse à l’appui de cette constatation rend compte de ce que nous avons examiné et porte sur :

3.56 Cette constatation est importante parce que les organisations doivent veiller à intégrer les facteurs environnementaux à leurs politiques, plans et programmes. Les décideurs doivent se fonder sur cette information pour prévoir, prévenir ou atténuer les effets négatifs possibles d’un projet sur l’environnement ou en accroître les effets bénéfiques.

3.57 En octobre 2010, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada et Environnement Canada (maintenant appelé Environnement et Changement climatique Canada) ont actualisé les directives sur l’établissement des stratégies ministérielles de développement durable. Cette mise à jour exigeait des organisations fédérales qu’elles s’engagent à renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique. Dans la Stratégie fédérale de développement durable de 2010-2013, les ministres et le Cabinet se sont engagés à renforcer l’application de l’évaluation environnementale stratégique. Dans la Stratégie fédérale de développement durable de 2016-2019, le gouvernement s’est de nouveau engagé à appliquer le processus d’évaluation environnementale stratégique. Il a aussi indiqué qu’il incombait aux organisations de documenter leurs pratiques relatives au développement durable, notamment la mise en œuvre des évaluations environnementales stratégiques.

3.58 Nous n’avons pas présenté de recommandation relativement au secteur examiné.

3.59 Ce que nous avons examiné — Nous avons examiné si les organisations avaient renforcé leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique en améliorant leurs politiques, procédures, directives et modèles internes. Dans nos rapports d’audit antérieurs, nous avions signalé la nécessité d’adopter ces pratiques de gestion.

3.60 Le renforcement des pratiques d’évaluation environnementale stratégique — Nous avons constaté que les 26 organisations avaient toutes réalisé des progrès satisfaisants en vue de renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique et que, pour la plupart, elles avaient mis en œuvre les recommandations formulées dans nos rapports antérieurs. Ces organisations ont élaboré des politiques, guides et outils d’aide à la décision internes, notamment des formulaires normalisés d’évaluation environnementale, pour pouvoir appliquer uniformément la Directive du Cabinet.

Conclusion

3.61 Nous avons conclu que les organisations que nous avons examinées avaient appliqué adéquatement la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes à la plupart des projets de politiques, de plans et de programmes soumis à l’approbation du Cabinet en 2017. Dans l’ensemble, les organisations avaient appliqué la Directive à 93 % de leurs projets, ce qui représente une amélioration notable par rapport aux observations formulées dans les rapports que nous avons publiés au cours des cinq dernières années sur le même sujet. Ces organisations avaient aussi réalisé des progrès satisfaisants en vue de respecter leur engagement de renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique.

À propos de l’audit

Le présent rapport de certification indépendant sur les stratégies de développement durable des ministères et organismes a été préparé par le Bureau du vérificateur général du Canada. La responsabilité du Bureau était de donner de l’information, une assurance et des avis objectifs au Parlement en vue de l’aider à examiner soigneusement la gestion que fait le gouvernement des ressources et des programmes, et d’exprimer une conclusion quant à la conformité de l’application du processus d’évaluation environnementale stratégique, dans tous ses aspects importants, aux critères applicables.

Tous les travaux effectués dans le cadre du présent audit ont été réalisés à un niveau d’assurance raisonnable conformément à la Norme canadienne de missions de certification (NCMC) 3001 — Missions d’appréciation directe de Comptables professionnels agréés du Canada (CPA Canada), qui est présentée dans le Manuel de CPA Canada — Certification.

Le Bureau applique la Norme canadienne de contrôle qualité 1 et, en conséquence, maintient un système de contrôle qualité exhaustif qui comprend des politiques et des procédures documentées en ce qui concerne la conformité aux règles de déontologie, aux normes professionnelles et aux exigences légales et réglementaires applicables.

Lors de la réalisation de nos travaux d’audit, nous nous sommes conformés aux règles sur l’indépendance et aux autres règles de déontologie des codes de conduite pertinents applicables à l’exercice de l’expertise comptable au Canada, qui reposent sur les principes fondamentaux d’intégrité, d’objectivité, de compétence professionnelle et de diligence, de confidentialité et de conduite professionnelle.

Conformément à notre processus d’audit, nous avons obtenu ce qui suit de la direction de l’entité :

Objectif de l’audit

L’objectif de l’audit consistait à déterminer si les ministères et organismes fédéraux examinés :

Pour les besoins de l’objectif de l’audit, « adéquatement » se définit comme suit : une mise en œuvre qui respecte les objectifs énoncés dans chacun des engagements pris par le ministère ou l’organisme ainsi que les exigences énoncées dans la Directive du Cabinet et les lignes directrices connexes.

Étendue et méthode

L’audit visait à déterminer si les 26 ministères et organismes fédéraux que nous avons examinés avaient appliqué la Directive du Cabinet et les lignes directrices connexes aux projets de politiques, de plans et de programmes soumis à l’approbation du Cabinet, y compris du Conseil du Trésor, du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2017. Il s’agit des entités suivantes :

L’audit a comporté l’examen et l’analyse de documents clés, des entretiens avec des fonctionnaires des organisations fédérales auditées ainsi que l’étude de documents sur l’évaluation environnementale stratégique liés aux projets soumis à l’approbation du Cabinet, y compris du Conseil du Trésor. À la suite de diverses demandes d’information, les organisations fédérales nous ont transmis des données sur le nombre de projets qu’elles avaient présentés. Nous n’avons cependant pas vérifié l’exhaustivité des données transmises.

Critères

Nous avons utilisé les critères suivants pour déterminer si les ministères et organismes fédéraux examinés :

Critères Sources

Les ministères et organismes sélectionnés ont évalué les projets de politiques, de plans et de programmes soumis à l’approbation du Cabinet, y compris du Conseil du Trésor, conformément à la Directive du Cabinet et aux lignes directrices connexes en vue de déterminer si leur mise en œuvre pouvait avoir des effets environnementaux importants, tant positifs que négatifs.

  • Bureau du Conseil privé et Agence canadienne d’évaluation environnementale, Évaluation environnementale stratégique : La Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, Lignes directrices sur la mise en œuvre de la Directive du Cabinet, 2010

Les ministères et organismes sélectionnés ont tiré les conclusions appropriées quant à la nécessité de procéder à une évaluation environnementale stratégique détaillée pour chaque projet de politique, de plan et de programme. (Pour les besoins du présent audit, nous entendons par « conclusions appropriées » que la portée de l’analyse effectuée est proportionnelle au niveau des effets environnementaux prévus; que les effets environnementaux importants, tant positifs que négatifs, ont été évalués; et que les liens avec les objectifs et les cibles de la Stratégie fédérale de développement durable ont été établis et documentés, le cas échéant.)

  • Bureau du Conseil privé et Agence canadienne d’évaluation environnementale, Évaluation environnementale stratégique : La Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, Lignes directrices sur la mise en œuvre de la Directive du Cabinet, 2010

Pour chaque évaluation environnementale stratégique détaillée effectuée, les ministères et organismes sélectionnés ont rédigé une déclaration publique sur les effets environnementaux, y compris l’incidence sur l’atteinte des objectifs et des cibles de la Stratégie fédérale de développement durable.

  • Bureau du Conseil privé et Agence canadienne d’évaluation environnementale, Évaluation environnementale stratégique : La Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, Lignes directrices sur la mise en œuvre de la Directive du Cabinet, 2010

Les ministères et organismes sélectionnés ont respecté leurs engagements de renforcer leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique. Ils ont mis en place des mécanismes adéquats pour favoriser la conformité à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes et aux lignes directrices connexes. Ces mécanismes comprennent des directives expliquant quand et comment appliquer la Directive du Cabinet et les lignes directrices connexes, ainsi que des outils et processus pour surveiller et documenter l’application de la Directive du Cabinet.

Période visée par l’audit

En ce qui concerne nos travaux sur la façon dont les organisations avaient appliqué la Directive du Cabinet, l’audit a porté sur la période allant du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2017. Pour ce qui est de nos travaux visant à déterminer si les organisations avaient renforcé leurs pratiques d’évaluation environnementale stratégique, nous avons pris en compte les améliorations approuvées par les ministères et organismes depuis la dernière fois que nous les avons audités à ce sujet, soit entre octobre 2013 et le 12 juin 2018. Il s’agit de la période à laquelle s’applique la conclusion de l’audit.

Date du rapport

Nous avons fini de rassembler les éléments probants suffisants et appropriés à partir desquels nous avons fondé notre conclusion le 12 juin 2018, à Ottawa, au Canada.

Équipe d’audit

Directrice principale : Heather Miller
Directeur : David Normand

Hélène Charest
Alina Dan
Kyla Tanner

Annexe — Application de la Directive du Cabinet aux projets de l’administration soumis au Cabinet, d’après nos constatations d’audit de 2013 à 2018

Organisations sélectionnées Constatations des audits antérieurs Constatations de l’audit actuelnote 1
Nombre de projetsnote 2 Application de la Directive du Cabinet Nombre de projetsnote 2 Application de la Directive du Cabinet
Rapport de 2013
Emploi et Développement social Canada Pas évalué au cours de l’audit 24 18
Environnement et Changement climatique Canada Pas évalué au cours de l’audit 19 19
Innovation, Sciences et Développement économique Canada Pas évalué au cours de l’audit 15 15
ministère des Finances Canada Pas évalué au cours de l’audit 1 1
Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada Pas évalué au cours de l’audit 11 8
Rapport de 2014
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada Pas évalué au cours de l’audit 13 13
Ressources naturelles Canada Pas évalué au cours de l’audit 1 1
Santé Canada Pas évalué au cours de l’audit 14 14
Services aux Autochtones Canada, et Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada Pas évalué au cours de l’audit 25 23
Transports Canada Pas évalué au cours de l’audit 13 11
Rapport de 2015note 3
Agence du revenu du Canada 19 5 6 6
Agriculture et Agroalimentaire Canada 74 50 4 4
Patrimoine canadien 85 0 18 16
Pêches et Océans Canada 72 55 14 14
Rapport de 2016note 4
Anciens Combattants Canada 44 0 5 5
Défense nationale 122 4 26 26
ministère de la Justice Canada 55 34 23 23
Parcs Canada 10 8 5 5
Services publics et Approvisionnement Canada 12 10 1 1
Rapport de 2017note 5
Agence de la santé publique du Canada 33 33 2 2
Agence de promotion économique du Canada atlantique 5 1 0 0
Agence des services frontaliers du Canada 39 21 4 3
Développement économique Canada pour les régions du Québec 13 10 3 3
Diversification de l’économie de l’Ouest Canada 2 2 0 0
Sécurité publique Canada 84 4 19 15
Organisation non visée par les rapports d’audit antérieurs
Affaires mondiales Canada Sans objet 17 17
Constatation générale de l’audit Total 283 263
La Directive du Cabinet a été appliquée à 263 des 283 projets (93 %).